Rachid Benali, récemment élu à la tête de la Confédération marocaine de l’agriculture et du
développement rural (COMADER), affirme que les marges d’intermédiaires représentent près de 90%
du prix final des produits agricoles, monopolisant jusqu’à 50% des produits avant la fin du cycle de
production. Il souligne l’importance de travailler sur l’agrégation pour remédier à cette situation.
En ce qui concerne la gestion de l’eau, les barrages ont été utilisés pour satisfaire les besoins en eau
potable plutôt que pour l’agriculture depuis l’année dernière. Cette situation découle de la gestion
hydrique du Maroc au cours des dix dernières années, car de nombreux barrages prévus n’ont pas
encore été construits. Par exemple, le barrage de Mdez, destiné à irriguer la plaine de Saïss sur 35
000 hectares, dont l’achèvement était prévu en 2019, a été reporté à 2022 puis à 2024. Il ne sera
opérationnel qu’en 2025, dans le meilleur des cas.
Cette situation a conduit le gouvernement à utiliser les barrages destinés à l’agriculture pour
satisfaire les besoins en eau potable. Bien que cela ait sauvé les besoins en eau potable, cela a créé
un grave problème pour les cultures dans les périmètres irrigués. Les plantations de Tadla et de
Marrakech El-Haouz sont actuellement compromises, les vergers sont desséchés et les agriculteurs
ont arraché certaines de leurs cultures en raison du manque d’eau. La situation devrait
malheureusement perdurer, et les zones de Chaouia et de Doukkala sont encore plus touchées, car
l’irrigation y est à l’arrêt.
Dans le contexte d’une pénurie d’eau, les agriculteurs soit utilisent des puits pour puiser de l’eau de
la nappe phréatique, qui continue de se détériorer, soit ceux qui ont accès aux barrages sont obligés
de réduire la superficie de leurs cultures ou d’arrêter complètement. Cela entraîne une pénurie de
produits agricoles, en particulier les cultures maraîchères, sur les marchés. Cependant, la réduction
de l’offre n’est pas le seul facteur expliquant la hausse des prix des produits agricoles. D’autres
facteurs incluent le coût élevé des intrants qui contribue à la baisse de la production, ainsi que les
intermédiaires qui ont un rôle important dans la fixation des prix. Les intermédiaires ont une
influence encore plus grande aujourd’hui grâce à leur capacité de communication. Ils peuvent stocker
les produits pour créer une pénurie artificielle, augmentant ainsi les prix. En outre, plusieurs
intermédiaires agissent comme des banquiers auprès des agriculteurs, en achetant leur production
avant terme à des prix inférieurs à sa valeur réelle. En utilisant l’exemple de l’oignon, il est expliqué
comment le prix final du produit est formé à près de 90% par les intermédiaires.
Pour limiter le nombre d’intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement agricole, il est essentiel
de structurer le marché de gros et d’encourager l’agrégation. Les lois sur l’agrégation agricole et la
commercialisation directe des fruits et légumes sont adoptées mais peu opérationnelles. Si
l’agrégation est lancée, cela pourrait améliorer les prix et la qualité des produits. Concernant la
récolte céréalière de cette année, les prévisions sont difficiles à faire en raison des facteurs imprévus
qui peuvent changer la situation rapidement. La stratégie Génération Green 2020-2030 prévoit la
signature des contrats-programmes avec la participation des professionnels et la création d’une
interprofession pour les plantes aromatiques et médicinales. La Comader a pour objectif d’améliorer
les conditions de vie des agriculteurs et de résoudre les problèmes liés à la commercialisation, l’eau,
l’assurance, le financement, les intrants, la mécanisation, et de représenter le Maroc à l’international.