Myrtille dans le souss
Myrtille et santé De nombreux nutritionnistes et recherches ont montré les bienfaits nutritionnels des myrtilles. Sans parler du goût et la sensation de dégustation unique. La myrtille est faible en calories (57 calories / 100 g), presque sans graisse et contient de la vitamine C, A et E. Ces baies font partie des fruits à très haute valeur anti oxydant qui préviennent les risques de cancer ou les maladies cardio-vasculaires. De plus, elles contiennent un fort apport en minéraux comme le potassium, le magnésium, le cuivre, le fer et le zinc qui renforcent le développement des os et transforment en énergie les protéines de carbone et les graisses présents dans la nourriture.
La production de myrtille au Maroc a débuté en 2008, pour répondre à une demande en constante augmentation. Le Maroc se distingue par sa période de récolte : il produit et exporte durant une période où il n’existe que très peu de disponibilité dans le monde, du mois de décembre au mois de juin. Ces dernières années, il y a eu une augmentation de la surface de culture de la myrtille puisque l’on est passé de 150 Ha en 2008 à 3000 Ha en 2021. Dans la zone du Souss l’augmentation est claire du fait de la reconversion de certains producteurs de tomates notamment en raison des nombreux problèmes qu’ils connaissent et qui sont liés entre autres à la commercialisation. Par ailleurs, en termes de bénéfice, cette spéculation dégage une marge supérieure à celle de la tomate. De plus, la région du Souss grâce à son climat semi-aride, permet des récoltes de contre saison aux portes de l’Europe et sa production de myrtille est disponible dès le mois de décembre.
La région du Souss bénéficie de conditions très favorables lui permettant d’assurer une production dans de meilleures conditions ainsi qu’une précocité d’environ une semaine par rapport à la zone du Nord du Maroc. La myrtille est cultivée sous des serres canariennes. C’est une culture très économe en eau et en engrais ce qui convient bien aux conditions de cette région qui souffre de la rareté de l’eau. Le myrtillier reste une culture économiquement très rentable (750 000Dh à 1 Million de Dh de chiffre d’affaire à partir de la troisième année), malgré son coût élevé d’investissement pour l’installation de la culture. La myrtille marocaine est donc un secteur fructueux, dont 80% de la production est exportée vers le marché anglais et le reste pour les autres pays d’Europe, avec un prix moyen de vente de 80Dh/Kg durant la période de décembre à avril et à partir du mois de mai les prix commencent à chuter à cause des productions des autres pays.
Exigences de la culture
Le pH et la salinité du sol sont les facteurs les plus importants influençant la croissance de la myrtille. En effet, la myrtille exige des sols fortement acides, drainant et riches en matière organique. Les principales contraintes de la région du Souss pour la myrtille sont : la sècheresse et le type de sols qui sont plus alcalins par rapport à la région du Nord. Il est important que les sols soient à pH acide ou de faire baisser le pH à l’aide d’amendements acidifiants. C’est pour cette raison que les producteurs de la région incorporent par épandage, le soufre nécessaire à l’acidification du sol avant l’installation de la culture suivi de l’irrigation (le pH de la solution fille doit être entre 4,5 à 5,5). Aussi les conditions de sécheresse de la région augmentent la valeur de l’Ec de la nappe phréatique, ceci a poussé les agriculteurs à investir dans des machines d’osmose inverse (pour le dessalement de l’eau) qui coûtent entre 500 milles à 1 Million de dirhams selon le débit désiré pour permettre de réduire la salinité (Ec) de l’eau à 0,3 millimhos. L’installation d’un système de brumisation est obligatoire dans la région afin d’éviter les dégâts du chergui et des fortes températures. En hors sol, les producteurs de myrtille utilisent des pots de 25 à 40 litres de substrat. Ce substrat est un mélange de tourbe, de fibres de coco et de perlite. Il permet une bonne reprise du plant qui est caractérisé par un système racinaire très sensible, fibreux et très superficiel, sans racine pivotante dominante. Les myrtilles préfèrent des sols drainants et ne tolèrent pas le stress hydrique. Avant de planter dans des pots il est nécessaire d’acidifier le substrat. Généralement, les plants utilisés datent d’une année. Concernant la culture des myrtilles en pleine terre, les producteurs travaillent les trous de plantation à raison de 15 à 20 litres de substrat, et avant la plantation, ils effectuent un épandage du soufre pour acidifier le sol.
Choix variétal
Le choix de la variété est un critère prépondérant pour la réussite de la culture. Les principaux critères de sélection à prendre en compte sont : le calibre des fruits, la qualité gustative des baies, la facilité de cueillette, la maturité groupée des fruits, la vigueur des arbustes, la tenue des baies après récolte, l’échelonnement de la période de production. Le calibre des fruits et la maturité groupée des fruits jouent un rôle prépondérant dans la vitesse de récolte. Il est important d’avoir des buissons vigoureux pour assurer un renouvellement régulier des jeunes pousses et des ramilles fruitières, ce qui influence directement le rendement des plantes et leur durée de vie. La densité de plantation est de 4.000 à 5.000 plant/Ha et l’inter-plant est de 0,90 à 1 mètre entre plants.
Principales opérations de conduite technique
Le mode de conduite :
Le buisson est la forme naturelle de développement du myrtillier et un palissage est nécessaire pour soutenir les branches et faciliter la cueillette. La conduite des plants est donc axée sur le développement d’une frondaison capable de supporter la charge des fruits. La forme idéale de l’arbuste est en U avec un espace intérieur ouvert afin de favoriser la répartition de l’air et de la lumière. La fertilisation, la taille et les autres pratiques agricoles visent le développement de cette forme.
La taille :
Dans le Souss, elle débute au mois de juin, juste après la récolte, et s’arrête le 31 juillet (le dernier pincement en fin juillet). La taille annuelle est nécessaire pour stimuler les nouvelles pousses et permettre aux plants de continuer à fournir de bonnes récoltes et de grosses myrtilles. Pour cela, les ouvriers éliminent le vieux bois afin d’éclaircir l’arbuste et permettre le développement de nouvelles pousses issues de la base. Ils éliminent également les branches basses dont les fruits sont difficiles à cueillir et éliminent aussi les rameaux les plus faibles ou trop à l’intérieur du buisson. Les fruits se forment sur les courtes branches latérales qui sont sorties plusieurs mois avant la récolte ou au cours de l’année précédente.
La fertilisation :
Une fertilisation raisonnée améliore de façon sensible la végétation et les rendements du myrtillier, sans pour autant pénaliser la qualité du fruit. Les éléments fertilisants sont apportés avec l’irrigation. Ces éléments essentiels sont 40 U N/ha/an + 30 U P 2 O 5 /ha/an + 70 U K 2 O/ha/an + 20 U Mg/ha/an. A partir du début du cycle végétatif, des microéléments doivent être apportés par application radiculaire hebdomadairement, et foliaire une fois toutes les 2 semaines jusqu’à fructification. Les serres doivent être découvertes de novembre à janvier pour établir une bonne aération. A noter que la culture de myrtille est sensible aux engrais nitriques et préfère les engrais ammoniacaux.
L’irrigation :
Il faut maintenir le substrat du myrtillier constamment humide. Ses besoins sont comparables à ceux du framboisier. Il est préférable d’apporter régulièrement des petites quantités d’eau, car le myrtillier a un système racinaire très superficiel et ses racines n’ont pas de poils absorbants. Le goutte-à-goutte est particulièrement bien adapté.
La récolte :
la période de récolte varie selon la variété. Pour qu’une baie puisse exprimer son potentiel de qualité, elle ne doit pas être récoltée avant d’avoir atteint son stade optimal de maturité (baies complètement colorées). Dans le Souss, la récolte débute en décembre jusqu’au mois de mai. Les agriculteurs font le tri et l’emballage à la main et sur place ce qui demande une disponibilité appropriée en main d’œuvre qualifiée afin de pouvoir faire une récolte avec rapidité et efficacité. Avec le pouce les myrtilles mûres sont roulées à partir de la grappe dans la paume de la main. Le cueilleur doit manipuler les fruits avec soin et les toucher le moins possible afin de ne pas enlever la fine pellicule cireuse naturelle qui recouvre le fruit et qui garantit sa fraicheur sinon elles sont considérées comme des écarts. En pleine production, le nombre moyen d’ouvriers est de 12 à 15 ouvriers par hectare, le pic de récolte se situe en mi-février. Les fruits sont récoltés et emballés sur place au niveau de la serre dans des boites à double coques en plastique transparent qui sont pesées et rangées dans des plateaux en carton.
La conservation :
Les myrtilles évoluent rapidement à température ambiante. Après la récolte, les fruits sont refroidis rapidement à 2°C pour prolonger leur conservation et freiner l’apparition de maladies, en particulier l’anthracnose et la pourriture grise. C’est un fruit qui se conserve plus longtemps que la framboise, jusqu’à trois semaines. Les myrtilles fraiches sont ensuite exportées en Europe par camions réfrigérés en 1 à 4 jours.
Les maladies :
Les risques de maladies augmentent avec la température et l’humidité. La première maladie répandue dans la culture de la myrtille est la pourriture des racines (phytophthora). Causée par un mauvais drainage et une mauvaise aération du sol, elle provoque le jaunissement, la décoloration, le flétrissement du plant, l’absence de nouvelles pousses et la nécrose des racines. Cette maladie est traitée grâce à des produits phytosanitaires. L’autre maladie qui touche le myrtillier est la pourriture grise (botrytis cinerea) qui apparaît sur les fleurs et les fruits. Elle est aussi traitée avec des produits phytosanitaires.
L’oïdium : La brumisation constitue le principal facteur favorisant l’apparition de ce champignon dans la région. Son attaque commence par l’apparition d’une poudre blanche, d’aspect farineux à la surface des feuilles, des tiges et parfois des fleurs ou des fruits. L’oïdium provoque une déformation des feuilles, qui se boursouflent. Le champignon se multiplie sur les organes jeunes (feuilles), qu’il envahit et déforme.
Les thrips apparaissent au moment de la floraison. Ils provoquent l’apparition de tâches pâles et argentées et la déformation des points de croissance.
Les acariens : les feuilles des myrtilles ont un effet répulsif sur les acariens.
Source : Agriculture du maghreb6