Le Maroc a introduit de nouveaux quotas sur les exportations de tomates le 19 février, dans le but de stimuler l’offre locale et de faire baisser les prix avant le mois de jeûne du Ramadan. Les coûts d’investissement élevés dans le secteur de la tomate, l’augmentation des prix des intrants, les attaques de ravageurs, les vagues de froid et la sécheresse persistante se sont combinés pour entraver la production dans le quatrième pays expéditeur de tomates au monde. Cependant, les nouveaux quotas adoptés au Maroc risquent d’aggraver la pénurie de produits qui a déjà entraîné un rationnement dans certains supermarchés européens.
Selon un responsable de l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL), la décision a été prise après que le gouvernement marocain a consulté les producteurs : « Nous avons dialogué avec le ministère de l’agriculture. Les producteurs sont conscients de la nécessité de soutenir nos compatriotes marocains et de maintenir des volumes d’exportation élevés vers le marché européen. Les tomates sont un produit très important pour le marché intérieur et leurs prix ont atteint des niveaux que les familles marocaines ne peuvent pas se permettre. Cette situation est due à des pénuries temporaires de production et à la domination d’un trop grand nombre d’intermédiaires, ce qui est dû à un système de commercialisation imparfait.
Les responsables de l’APEFEL ont déclaré que cette réduction de la production était due à des conditions météorologiques défavorables : « La région d’Agadir, où se situe l’essentiel de la production de tomates, a été sévèrement touchée par le changement climatique. D’une part, la vague de chaleur automnale, qui a atteint 47 degrés Celsius avec une moyenne de 28 degrés, a accéléré la production. D’autre part, la température minimale de la mi-janvier au 10 février est basse, de 1 à 6 degrés, les plantes sont dans un état de végétation nulle, et la productivité a chuté de 2000 à seulement 250-300 kg/ha/jour ».
En outre, la variété de tomate ronde concernée par les nouveaux quotas d’exportation a déjà connu des baisses de production en raison de l’économie, a déclaré un représentant des producteurs : « C’est une culture qui a été affectée par la sécheresse en cours et l’augmentation des coûts de production : depuis la pandémie de COVID-19 et la guerre en Europe de l’Est L’exportation de la variété de tomate ronde n’est également plus rentable à moins qu’elle ne soit contractée pour l’expédition à un prix de vente favorable, comme l’exportation moyenne pour cette saison d’octobre à janvier 2023, en dehors du programme de contrat mentionné Le prix ne dépasse pas 0,6 EUR/kg, alors que les coûts de production dépassent 1 EUR/kg même avant les taxes et les droits de douane.
Cette situation a incité les producteurs à réduire la superficie plantée en tomates rondes au profit d’autres subdivisions (cerises, cocktail, pruneaux, etc.), ou à réaffecter complètement les serres aux cultures de fruits rouges, surtout lorsque l’investissement dans les tomates nécessite une somme d’argent considérable. Le capital peut atteindre 100 000 euros par hectare et les redevances annuelles et par hectare 80 000 euros. Le pourcentage de production de tomates segmentées destinées à l’exportation est passé de 30 % à 54 %, tandis que celui des tomates rondes a diminué. Il convient de mentionner que, selon l’APEFEL, toute la production de tomates segmentées n’est pas concernée par le régime des quotas et est exclusivement destinée aux fonctionnaires du marché extérieur.
En ce qui concerne l’efficacité de cet ajustement, les résultats sont déjà évidents : « Nous avons augmenté le volume quotidien de tomates rondes sur le marché local de 200 à 300 tonnes, ce qui a fait baisser les prix à la consommation. À ce niveau, le choix est judicieux et pratique. Outre l’expédition de l’ensemble de la production de tomates de segmentation, nous continuons à approvisionner le marché européen avec un flux quotidien de plus de 1100 tonnes de tomates rondes.
Bien que les producteurs affirment que les conditions météorologiques sont la première cause de la baisse de productivité, ces conditions se sont améliorées récemment. « Depuis le 11 février, les températures les plus basses ont augmenté et le niveau actuel de productivité a été augmenté de près de 30 %. Les prévisions pour cette semaine annoncent des températures maximales de 21 à 25 degrés et des températures minimales de 12 à 14 degrés, ce qui favorisera la production. Nous sommes en contact permanent avec le ministère de l’agriculture et à l’écoute de nos partenaires européens dans l’espoir d’un retour rapide à la normale.
Des ajustements similaires des quotas d’exportation pourraient-ils être effectués pour d’autres cultures ? Le responsable de l’APEFEL assure que « seules les tomates font l’objet de discussions avec le gouvernement, la circulation des autres produits n’est en aucun cas affectée ».
Que ce soit au Maroc ou en Europe, le représentant des producteurs conclut en plaidant pour l’adoption de solutions structurelles dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs : « Le dialogue avec nos partenaires européens est nécessaire pour redynamiser l’intérêt de la culture de la tomate ronde. Tout au long de l’année, nous devons renforcer la régulation en créant plus de contrats et des prix équitables pour toutes les parties. Tant que les supermarchés réaliseront des marges bénéficiaires excessives, nous ne pourrons pas sacrifier les producteurs. La croissance du commerce de la tomate est entravée par des restrictions à l’exportation, des taxes élevées et des frais de douane.